Michel Jonasz
LE CABARET TZIGANE
Paroles et musique: Michel Jonasz, 1981
On s'était sur les récifs jetés
Comme deux zéros pointés,
Devant le mur crépi
Des décrépitudes.
Accrochés à la nacelle des jours,
Elle nous trouvait trop lourds
Et descendait bas
Vers l'ombre des habitudes.
Nous passions entre les chênes
Avec celle qui nous enchaîne
L'un à l'autre,
Comme la mer à l'écume.
Mais nous brûlions nos dernières flammes,
Cachions nos premières larmes,
Dans une étrange alliance
De douceur d'amertume.
De tokay vin sucré
De nuages cendrés
Par les bouffées d'afghane
Au cabaret tzigane.
Le temps nous avait prévenus.
Son vol est suspendu.
Pour Lamartine comme pour ceux
Qui souffrent et qui s'aiment.
Ça pour s'aimer on s'aimait:
Deux gosses à tout jamais
Que l'amour soit en vous comme il est
Dans ces deux-là disait Dieu lui-même.
Mais tziganez tziganez-nous.
Ces deux violons c'est nous.
Déchirant les fumées
Du chant des déchirures.
Déchirant les états d'âme
Au tout début du drame
Dans la triste brume troublante
D'un soir de rupture
De tokay vin sucré
De nuages cendrés
Par les bouffées d'afghane
Au cabaret tzigane.
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