Michel Jonasz
LA MAISON À JULOUVILLE



Léon criait: "les imbéciles!"
Et Sarah Sarah: "mes enfants!
Mes tout petits mes gosses mes fragiles
La table est mise où sont-ils?"
David le fils ainsi soit-il
Roi du royaume évidemment
A dans son cœur indélébile
La maison à Julouville.
France est la sœur de David
Et Simon la suivait tout le temps
C'est l'ami le presque frère
De David le solitaire.
Il en avait les yeux humides
A la regarder si souvent
Ces trois là faisaient la paire
Partageaient bonheur et misère.

Est-ce qu'on s'aimait autre part
Autant qu'à Julouville sur mer?
Quand la plage était à nous
Quand ne rien faire avait du goût
On regardait courir l'eau des nuages
Le long des gouttières
Le parquet ciré craquait
Sarah Sarah s'inquiétait
Les jours passés des jours bleus
Déjà les jours noirs se profilent
L'un sans l'autre ne va pas
Et Sarah Sarah s'en va
Mais nos âmes sont éternelles
Mon fils ma fille mon fiancé
Tourne et tournera toujours
Nos amitiés nos amours
On était heureux tranquilles
Dans la maison à Julouville
Tenu par un fil serré
Jamais jamais séparé.

Ces petits ces mômes si fragiles
C'est Sarah Sarah tes enfants
Qui fera le petit déjeuner
Quand ils descendent l'escalier
Dans les moments difficiles
A qui pleurer ses embêtements
Choses importantes ou futiles
De la maison à Julouville
Qu'est-ce qu'ils deviennent où sont-ils
Sont-ils bien protégés du vent
Des pluies fines du mois d'avril
Des menteurs des imbéciles
Des heures tristes qui défilent
Au 14 juillet du temps.

Est-ce qu'on s'aimait autre part
Autant qu'à Julouville sur mer...
Jamais jamais séparés
Jamais jamais séparés.


À la page des textes de Michel Jonasz
À la page des textes