Les trottoirs desséchés de la ville abrutie
Ont vitrifié mes yeux assoiffés d'infini
Je marche
Mon pas s'égare entre les façades éventrées
De vitrines glacées à face pétrifiée
Je marche
L'été répand partout sa chaleur écoeurante
La lumière se colle en taches malodorantes
Je marche
Je marche et je piétine une résine noire
Qui colle à mes semelles et me suce l'espoir
Je sais qu'elle est solide, ô cité, ton écorce
Je sais ce qui m'étouffe, j'en connaît bien la force
Mais, je marche, je marche
Et je n'ai plus de souffle, plus de respiration
L'asphalte n'émet pas la moindre pulsation.
Je vais à la dérive
Mon pas n'est qu'artifice
Sous la rue et ses rives
Mes racines pourrissent
Et plus de vibration, oui mais, palpitations!
Je traverse la rue sur le passage clouté
Et le pavé
Guide mes pas
Car il est des bourbiers
Où l'on enfonce pas
Seul mon cerveau s'englue
Dans la pierre des rues.