Bernard Lavilliers
CHANGEMENT DE MAIN, CHANGEMENT DE VILAIN



Je peux pas supporter le jour,
J'aime la nuit qui tache
Au rouge sang et contours
Des ombres des appaches.
Quand l'état d'urgence
Me pousse de ma tanière,
Ceux de la finance
Peuvent avoir quelques misères.
Je peux pas dormir,
Je peux pas dormir,
Quand je ferme les yeux
C'est encore pire.

Déjà
L'ombre glisse sur l'acier
De mon automatique
Déjà
Je descends les escaliers
Vers le marché du vice

J'ai braqué au carrefour
Une limousine de rêve,
Surchargée comme un poids lourd,
En direction Genève.
Kilos d'or en barres
Planqués dans les portières,
Dix millions de dollars
Sous le siège arrière,
Valeurs volées,
Livreurs envolés,
Valises enlevées
Où est le voleur?

Déjà
L'infarctus vient de frôler
Quelques costards, cravates
Déjà
Ont raccroché le combiné
Mais y'a pas feu au lac
Changement de main, changement de vilain

Les passeurs c'est pas sûr,
Pas franc comme l'or dur,
La business-class se casse
Sans laisser de trace,
La jet-society lasse
Tombe dans la mélasse,
Les passeurs c'est pas sûr,
Pas franc comme l'or dur.

Jamais
Tu reverras ton blé
Jamais
Faut l'oublier


À la page des textes de Bernard Lavilliers
À la page des textes