Maxime Le Forestier
À MON ÂGE ET À L'HEURE QU'IL EST Paroles: Maxime Le Forestier, musique: Julien Clerc, 1976
Ne me dites pas qu'à ma place,
À mon âge et à l'heure qu'il est,
À l'heure du marchand de lait,
Je me lève et je la remplace.
Nous sommes d'un bois qui se tasse,
Attachés de plus en plus fort.
Quand elle bouge, je me tords.
Quand elle geint, mon rêve passe.
Dans les pays où elle s'endort,
Elle m'est chevillée au corps.
Il faudrait l'arracher d'abord.
Elle m'est chevillée au corps.
Plus loin encore
Qu'elle s'en aille,
Un corps étranger de chaleur
M'a fait au coeur
Comme une entaille.
Ne me dites pas qu'à ma place,
Il suffit de baisser les yeux
Pour passer une nuit aux cieux,
D'autant plus que j'habite en face.
La brune verra dans ma glace
Une trace de cheveux blonds.
La rousse verra sur mon front
Une image qui se déplace.
Dans les pays où elle s'endort,
Elle est imprimée sur mon corps.
Il faudrait l'effacer d'abord.
Elle s'est ancrée dans mon corps
Et, depuis lors,
Quand elle s'évade,
Comme elle vide toute l'eau
Sous mon bateau,
Je suis en rade.
Ne me dites pas qu'à ma place,
Le moindre vide se remplit
De la première fille-pluie,
De la première ondée qui passe.
Laissez mon port à marée basse
Et mon bateau bien amarré.
Je rêve d'un raz de marée
Jeté sur les rives d'en face,
Dans les pays où elle s'endort
Elle s'est ancrée dans mon port.
N'allez pas la noyer, de grâce,
De grâce.