Maxime Le Forestier
HONTE À QUI PEUT CHANTER
G. Brassens


Honte à cet effronté qui peut chanter pendant
Que Rome brûle, elle brûle tout le temps
Honte à qui malgré tout fredonne des chansons
A Gavroche, à Mimi Pinson

En mil neuf cent trente-sept que faisiez-vous mon cher
J'avais la fleur de l'âge et la tête légère
Et l'Espagne flambait dans un grand feu grégeois
Je chantais, et j'étais pas le seul y a de la joie

Et dans l'année quarante mon cher que faisiez-vous?
Les Teutons forçaient la frontière, et comme un fou
Et comme tout un chacun, vers le Sud, je fonçais
En chantant tout ça, ça fait d'excellents Français

Honte à cet effronté qui peut chanter pendant
Que Rome brûle, elle brûle tout le temps
Honte à qui malgré tout fredonne des chansons
A Gavroche, à Mimi Pinson

A l'heure de Pétain, à l'heure de Laval
Que faisiez-vous mon cher en plein dans la rafale?
Je chantais, et les autres ne s'en privaient pas
Bel ami seul ce soir j'ai pleuré sur tes pas

Mon cher, un peu plus tard, que faisait votre glotte
Quand en Asie ça tombait comme à Gravelotte?
Je chantais, il me semble, ainsi que tout un tas
De gens, Le déserteur les croix Quand un soldat

Honte à cet effronté qui peut chanter pendant
Que Rome brûle, elle brûle tout le temps
Honte à qui malgré tout fredonne des chansons
A Gavroche, à Mimi Pinson

Que faisiez-vous mon cher au temps de l'Algérie
Quand Brel était vivant qu'il habitait Paris?
Je chantais, quoique désolé par ces combats
La valse à mille temps et Ne me quitte pas

Le feu de la ville éternelle est éternel
Si Dieu veut l'incendie, il veut les ritournelles
A qui fera-t-on croire que le bon populo
Quand il chante quand même, est un parfait salaud?

Honte à cet effronté qui peut chanter pendant
Que Rome brûle, elle brûle tout le temps
Honte à qui malgré tout fredonne des chansons
A Gavroche, à Mimi Pinson


À la page des textes de Maxime Le Forestier
À la page des textes