Maxime Le Forestier
LA BÊTE CURIEUSE Maxime Le Forestier, 2012
Elle me ronge, elle me persécute
Faut dire qu'elle a de gros besoins
Oeil de lynx, langue de pute
Elle s'agite en moi dès le matin
Elle a faim...
Elle a faim, la bête curieuse
Elle croit qu'on lui cache tout, que personne lui dit rien
Elle a faim, la bête curieuse
II vaut mieux commencer par des choses qu'elle aime bien
Donne-lui du scoop
Du sel pour sa soupe
Donne-lui du gras
Tu sais qu'elle adore ça
Avant le dessert
Un bon bouc émissaire
S'il faut du rose
Invente quelque chose
Donne-lui du lourd
Du facile du court
Donne-lui du noir
Du qui fait peur à voir
Donne-lui du chaud
Du faux vrai, du vrai faux
À la rigueur
Donne-lui des rumeurs
Elle en veut encore et encore
Y'a pas de fin à sa boulimie
Elle a faim de tout, elle dévore
Elle avale et elle oublie
Elle a faim
Elle a faim, la bête curieuse
Elle croit qu'on lui cache tout, que personne lui dit rien
Elle a faim, elle fait des cauchemars
Du jour où personne voudrait plus rien savoir
Un gros secret qui sort
Et alors
L'immobilier qui croît
Et puis quoi
Le prix de l'or qui flambe
Une belle jambe
Vu qu'on l'achètera pas
Cet or là
Que la photo soit bonne
On s'en tamponne
Qu'il manque une ou deux feuilles
On s'en bat l'oeil
Qu'il y ait des fautes de frappe
Tout le monde s'en tape
Puisque tout le monde s'en fout
Halte aux fous
Mais c'est jamais qu'un mauvais rêve
Qui s'arrête avec le sommeil
Juste avant le jour, elle se lève
À cause de mon radio réveil
Elle a faim
Elle a faim, la bête curieuse
Elle croit qu'on lui cache tout, que personne lui dit rien
Elle a faim, la bête curieuse
II vaut mieux lui donner quelque chose qu'elle aime bien