Il est morne, il est taciturne,
Il préside aux choses du temps,
Il porte un joli nom, "Saturne",
Mais c'est un dieu fort inquiétant.
En allant son chemin morose,
Pour se désennuyer un peu,
Il joue à bousculer les roses,
Le temps tue le temps comme il peut.
Cette saison, c'est toi, ma belle,
Qui as fait les frais de son jeu,
Toi qui a payé la gabelle,
Un grain de sel dans tes cheveux.
C'est pas vilain, les fleurs d'automne,
Et tous les poètes l'ont dit.
Je te regarde et je te donne
Mon billet qu'ils n'ont pas menti.
Viens encore, viens ma favorite,
Descendons ensemble au jardin,
Viens effeuiller la marguerite
De l'été de la Saint-Martin.
Je sais par coeur toutes tes grâces
Et, pour me les faire oublier,
Il faudra que Saturne en fasse
Des tours d'horloge de sablier!
Et la petite pisseuse d'en face
Peut bien aller se rhabiller.