Lina Margy (1967)
EN QUATRE-VINGT-TREIZE

Paroles: Ferdinand Louis Benech, musique: Léo Daniderff, 1910


C'est Quatre-vingt-treize! A Paris
On tire le canon de l'alarme,
Et pour délivrer le pays
Le peuple entier se rue aux armes!...
Mais Lison s'en moque vraiment,
Elle est toute à sa jalousie,
Car le chevalier son amant
Avec une autre se marie!
Pourtant, bravant la mort, le chevalier proscrit
Pour lui dire: "Au revoir" est venu cette nuit
Et dans un baiser il lui dit:
"Je t'aimerai toujours Lison,
Tu vois, je suis venu quand même,
Mon coeur est dans ta maison,
Puisque c'est toi seule que j'aime!
Pourquoi me tourmenter, Lison?
Embrassons-nous ma blondinette
Un mariage de raison
Ne peut faire perdre la tête!

Mais on frappe à la porte... "Ouvrez!"
(bas) "La police! Cache-toi vite!
(haut) C'est minuit! J'allais me coucher
Je m'habille et j'ouvre de suite!"
(clochettes)
C'est en vain qu'ils ont tout fouillé...
Excusez-nous donc ma charmante
Le bel oiseau s'est envolé,
Sa promise sera contente!"
Folle de jalousie, Lison a répondu:
"Le voici! Prenez-le car perdu pour perdu
Elle ne l'aura pas non plus."
"Pourquoi m'as-tu livré, Lison?
Je ne puis te haïr quand même
Tu vois malgré ta trahison
C'est toujours toi seule que j'aime!
Je nargue le bourreau Samson
Sa besogne est à moitié faite,
Car mon amour pour toi, Lison,
M'a déjà fait perdre la tête!"

Lison depuis déjà trois nuits,
N'a pas quitté la guillotine;
En attendant, on chante, on rit,
On danse autour de la machine!
(La Carmagnole)
On amène le chevalier,
Lison supplie la populace:
"Grâce pour mon bien-aimé!
Qu'on me guillotine à sa place!"
Il monte à l'échafaud d'un pas majestueux,
Et son regard s'en va comme un baiser d'adieu
Vers Lison, qui le suit des yeux...
Il monte lentement
Plus un cri dans la foule...
Seul le tambour qui roule
(roulement de tambour)
Ah! (cri)
Et Lison maintenant...
Il va revenir...
Elle guette...
Car Lison comme son amant
Pour toujours a perdu la tête!


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