Les menottes, les notes, la machine à taper,
Ton nom, prénom, naissance, nationalité.
Poches vidées, ensuite lacets, ceinture, enlevés.
Feux d'artifice, c'est l'armistice, le pays est en fête.
Pour moi, la fête en garde à vue dans les cages de la police,
9 heures - 11 heures, Parle! Ton nom est sur le tas.
J'ai fait 6 pas dans l'enfer des galères, la poisse.
Les empreintes, les plaintes, et ce tribunal,
Ma famille et mes proches en soutien principal.
Pin-Pong, les flics s'éclatent, roulent à fond.
Bon, mon avocat est clair, mais le juge persévère,
Il est vingt heures, mon matricule: 49203.
J'entre en cellule, D128, la porte claque, mon coeur bat.
Mon cousin 49204 me parle de dates, me mate,
Enchaîne, soleil, bizness et rates.
Le trouble est dans ma tête!
(Et le maton te guette)
REFRAIN:
Mon corps est enfermé, seule mon âme peut voguer.
Barreaux, porte bloquée, ma vie est bloquée.
Un oeil dans l'oeillet, j'entends le bruit des clés.
Les jours se répètent,
(Et le maton te guette.)
Première nuit, matelas pourri, lits superposés,
Carreaux cassés, des rats passent sous mes pieds.
Au réveil, j'ai comme la corde au cou, dans cette cage qui fouette.
Dans la cour, les corbeaux, les mouettes font la fête.
Tous leurs "Croa" résonnent encore derrière les portes du pénitencier.
Dans ma tête: gamelle, parloir, courrier, tourner.
Visite médicale: anormal est mon état,
Zéro au moral, plus la matinale gaule,
Mes dents me font mal, j'ai des boutons dans le dos.
Passi fait les 100 pas, parmi les prisonniers.
3 mètres de mur, 2 de grillage et 1 de barbelé,
8 douches dans le mois, en sueur sans bouger.
Soirée télé, couché, soleil d'été, levé.
Mon neveu, que je n'ai pas vu naître, au parloir me rend ouf.
Dans ces murs, l'odeur des chiottes, du sale, de la bouffe,
J'étouffe dans ce goulag, la cellule, le stalag.
Les jours se répètent...
(Et le maton te guette.)
REFRAIN
Il suffit d'être au mauvais moment, au mauvais endroit,
Et vlan! dans tes dents, tu choisis pas, prends ça.
Trahi, ma vie, mon nom salis, comme si j'étais un assassin.
C'est comme perdre une partie de poker contre Satan.
Dans cette merde en chien, traité en moins que rien.
Certains sortent, puis reviennent de nouveau sous écrou.
Dans ma cellule un camé prend un cachet à chaque gamelle,
Aux nouvelles? Un suicidé, évacué, menotté, c'est le dawa.
Enfin paquetage, libérable pour 49203.
(Ah Passi, t'es sorti!)
Ah!.. Ça faisait des mois.
J'ai remis du net, ma casquette et mes blanches baskets.
J'erre au vert et j'ai encore moins le goût pour la fête.
Autour, toujours nos embrouilles de re-beus et négros,
Et le B de bleu sonne avec le B de barreaux.
Je dois signer, dire présent une fois par semaine,
Que personne m'engrène:
Je dois pas me serrer avant mon jugement.
Chez nous, leçon, ne dis jamais: "Ça y est, c'est fini,
Ça m'arrivera pas, pas à moi, moi, je pourrai pas béton!"
Donc à tous les lascars qui ont tourné dans le noir,
A toutes les familles qui attendaient au parloir,
A tous les concernés par ce genre d'histoire:
Bonne chance si tu passes devant la barre!
Judas fut le mauvais oeil pour l'homme de Nazareth.
Toi, n'oublie jamais que le maton nous guette.
REFRAIN
J'ai pas ta voix, encore moins la vision,
Mais la mine de ton crayon m'offre une brève évasion.
Mon corps est détenu, mais mon âme et mon esprit
Peuvent rejoindre l'horizon, dans une brève évasion.
(Et le maton te guette.)
Mon corps est enfermé, seule mon âme peut voguer,
Portes bloquées, courrier, brève évasion.
Donc, à tous ceux qui ont galéré, qui galèrent en prison,
A tous ceux qui te soutiennent pour pas que tu pètes les plombs.
(Et le maton te guette.)
Tout le temps, tant de hargne, tout le temps, tant de larmes,
Une pensée aux disparus, une pensée aux enfermés.
Bois-d'Arcy, Osny, Fresnes, Fleury, Santé, Nanterre,
Les Baumettes et les autres zonzons.
(Et le maton te guette.)
Parloir, courrier, tourner, c'est la merde, tu le sais,
Dans tous les quartiers, quand le maton te guette...