Elle garde prisonnières
Les eaux des rivières
Coulant dans ses yeux
Patience, un jeu de patience
Son adolescence
Quand elle perd le fil
Les notes et les rimes
S'embrouillent et s'abîment
Dans les eaux noircies du Mékong
Les eaux du Mékong
Figées les images sur ses murs
Figés les mots d'amour inutiles
Qu'on garde pour qu'ils illuminent
Les soleils brouillards de l'hiver
Figées les vagues de la mer de Chine
Elle en pleure des larmes marines
Quand elle y pense quelquefois
Fuir, même à la dérive
Des radeaux qu'on livre
Aux forces du vent
Mourir d'avoir voulu vivre
Juste un peu plus libre
Juste un peu moins dur
Juste un peu plus fort
Juste un peu plus loin
Des cris de tous ceux qu'on aimait
De ceux qu'on aimait
Elle n'a plus de larmes pour pleurer
Elle n'a même plus de mots pour maudire
Les soldats de tous les empires
Qui massacrent sans un regard
Ne lui reste de la mer de Chine
Qu'une blessure indélébile
A l'encre de ses souvenirs
Elle s'endort quelque part
Dans une autre histoire
Quelle ne comprend pas
Patience, un jeu de patience
Ces mots de la France
Qu'elle connaît si mal
Mais qu'elle apprendra
Tout comme une enfant
Qui naîtrait très loin du Mékong
Des eaux du Mékong