Nicolas Peyrac
J'ÉTAIS MAL MAIS SI BIEN


La tête sur le bar j'écoutais Joplin
Le pianiste jouait mal
Mais vraiment très mal
La télé sur le mur diffusait du spleen
En fluo très pâle
Mais vraiment très pâle
Et dans ma tête en vrac
Quelques idées pas très claires
Elle avait pris son sac
M'avait joué la fille de l'air
J'étais resté cloué au mur
La porte s'est ouverte sur des bas bleu-noirs
Et sur des jambes longues
Mais vraiment très longues
Elle avait quelque chose de l'amateur d'air
Un regard bizarre
Vraiment très bizarre
Et l'air d'avoir manqué de peu le dernier tramway
Elle cachait tout au fond des yeux des tas de secrets
Je suis resté cloué au bar

J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Côté cour et côté jardin
Je n'avais plus besoin de rien
Ni de musique ni de câlins
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Je dérivais à cent à l'heure
Sur un océan de bonheur
Je n'avais au fond qu'une peur
Que tout s'arrête tout d'un coup

Le barman s'étouffait derrière son comptoir
Y'avait comme un silence
Un drôle de silence
Et Joplin revivait, le pianiste en transes
Jouait comme un fou
Vraiment comme un fou
On avait tous la tête du loup dans Tex Avery
L'oreille qui retombe du chat de Tom et Jerry
Plus personne ne disait rien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Côté cour et côté jardin
Je n'avais plus besoin de rien
Ni de musique ni de câlins
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Je dérivais à cent à l'heure
Sur un océan de bonheur
Je n'avais au fond qu'une peur
Que tout s'arrête tout d'un coup

Quand le flic est entré elle n'a pas bougé
Elle avait les yeux
Vraiment dans mes yeux
Elle a eu l'air de dire le temps est trop court
On aurait peut-être pu mieux se connaître
Et quand il lui a pris le bras elle s'est laissée faire
Elle avait gardé l'air bizarre de l'amateur d'air
Et le film était terminé

J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Côté cour et côté jardin
Je n'avais plus besoin de rien
Ni de musique ni de câlins
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
J'étais mal, j'étais mal mais si bien
Je dérivais à cent à l'heure
Sur un océan de bonheur
Je n'avais au fond qu'une peur
Que tout s'arrête tout d'un coup


À la page des textes de Nicolas Peyrac
À la page des textes