Paul Piché
MAUVAIS CALCUL P. Piché - C. Castonguay
Mauvais calcul, drôle d'addition
Sur le fil mince d'une illusion
Régime minceur pour engraisser
Les avaleurs d'espoir brisés
Le pauvre riche n'a plus d'argent
Je connais sa drogue c'est un trou béant
Sans but sans fin sans commencement
Je connais sa drogue c'est un trou béant
C'est une drogue de riche c'est une drogue steady
C'est de l'égoisme organisé
Mauvais calcul, drôle d'addition
Sur le fil mince d'une illusion
Bien sûr les pauvres c'est dépensier
Pilules prothèses CLSC
La bière les chips en quantité
Bien sûr c'est ce qui nous a ruinés
Montrez-la nous par deux par quatre
Cette logique qui nous écarte
On veut comprendre cette syntaxe
Qui vous épargne toutes les taxes
Mauvais calcul, drôle d'addition
Un drame se tisse à l'horizon
La table est mise s'agit d'entrer
Dans le restaurant que vous fréquentez
Mais pour entrer c'est pas facile
Quand on n'a pas le bon profil
Par la fenêtre on aperçoit
Votre logique qui se fait loi
On voit des toges qui s'interrogent
Pour assurer la paix et l'ordre
Perruques augures imprimatur
C'est de la magie magistrature
C'est du théâtre c'est féodal
C'est le paradis qu'on dit fiscal
Mauvais calcul
C'est de couleuvres qu'on nous abreuve
Un maigre en service doit consoler
Un gros qui braille à ses côtés
Qu'on ne peut plus rien lui soutirer
Qu'à son bureau déjà donné
Qu'il n'a plus rien plus rien qui vaille
Petite monnaie restes ferrailles
C'est pas des fortunes quelques milliards
C'est du beurre dans ses épinards
Mais c'est ailleurs qu'il faut chercher
Dans un effort de société
Tout le monde tout le monde devra couper
Le gros son maigre et le maigre son pied
Des milliers à faire le pied de grue
Vous, vous choisissez un grand cru
Quelqu'un veut-il sonner l'alarme
Pourrait-on faire un peu de vacarme
Voilà l'élu, lui a du charme
Lui nous invite, enfin
À rester calme
Il ne dit rien il fait l'épais
Tout le monde le sait
Tout le monde se tait
Avance recule et incrédule
Il n'endort que des somnambules
Le feu s'étend on gesticule
Autant que c'est pas nos fesses qui brûlent
Mauvais calcul
Voilà les penseurs eux peuvent entrer
Des picosseurs de vacuité
Logés nourris vont sustenter
Leurs tentations pataphysiques
Colimaçons vont cheminer
Comme des limaces agglutinées
Vont suçoter lécher téter
Pour déglacer la subvention
Pataquièssant jusqu'au salon
Un seul peut clore la discussion
C'est celui qui retient les jetons
Qu'on dépose dans son petit cochon
Et celui-là quand il se lève
On sent qu'ils se pendent à ses lèvres
Silence il repousse son assiette
Il est si lourd sur sa banquette
Le pauvre riche n'a plus d'argent
Sa joue dessine une avalanche
Quand il se lève et nous présente
Dans sa mallette une arme blanche
Pour notre dette note éprouvante
Notre épouvante qui êtes aux cieux
Pas de pitié pour les malheureux
Il criera trêve de plaisanterie
Pour le service de pâtisserie
Il criera
Pis les bouffons qui font la file
Qui me disent qu'y ont faim que ch't'un imbécile
Je vous dis moi qu'ils sont mieux gavés
Que les oies que je viens juste d'avaler
Alors vous avez bien mangé
Pour digérer vos illusions
Prenez votre temps
Pensez-y bien
Peut-être une marche de santé
Mais pas trop longue
Et pas trop loin
Vous risqueriez de changer de quartier