Le vingt et un septembre
Je reprends ce journal
Dans la fenêtre de ma chambre
Passe un oiseau banal
Il y a la grève du métro
Tout à l'heure ma mère est passée...
Elle a dit que je fumais trop
Puis elle a parlé du passé
J'ai vu au soleil de la rue
Marcher une femme aux bras nus...
Samedi trois décembre
Je n'ai plus rien écrit
Depuis ce jour de fin septembre
Où il y a eu ce cri
C'était dans le jardin voisin
Ses bras nus enlaçaient quelqu'un...
Il a neigé tout ce matin
Je lui ai parlé dans la rue
J'ai dit, j'ai dit, je ne sais plus
Mais ce soir c'est chez moi qu'elle vient...
Dimanche douze avril
Le printemps est en ville
J'écris ce soir à l'encre rose
Il s'est passé des choses
Moi qui disais que le mariage
N'était pas encore de mon âge...
Ma mère avait un chapeau blanc
Mes deux frères avaient mis des gants
C'était en janvier, et pourtant
On croirait qu'il y a longtemps
Nous sommes fin septembre
Je ne sais plus le jour
Me revoici dans cette chambre
Un homme sans amour
Je n'ai pas bien compris pourquoi
N'en parlons plus, n'en pleurons plus...
Je la regarde qui s'en va
Dans le soleil la rue est sage
Cette douce femme aux bras nus
Que je vois sortir de l'image...
Cette douce femme aux bras nus
Que je vois sortir de l'image...