T'as vu Lolita,
Ta pote Marylou,
Qu'a quinze ans comme toi,
Que j'ai connue bout de chou,
T'as vu comme elle a
Changé tout d'un coup?
Eh ben, ma doudou,
Elle a vu le loup.
Je vais pas lui reprocher,
Eh, c'est pas un crime,
A peine un péché,
Et des plus minimes.
D'après sa copine,
Qui l'a balancée,
C'est à la mi-août
Qu'elle a vu le loup.
C'est plus pour la frime
Que pour le frisson
Qu'un soir de déprime
Un gentil couillon
A eu le grand bonheur
De gagner le pompon,
De cueillir sa fleur
Avant la saison.
Hormis la jouissance
D'emmerder ses vieux,
Y avait pas urgence,
Y avait pas le feu,
D'autant que la romance
A duré bien peu.
Elle a vu le loup
Deux minutes en tout.
Pour la performance,
Et puis pour l'extase,
La pauvre est, malchance,
Tombée sur un naze,
Vilain comme un pou,
Maladroit comme tout.
Elle a vu le loup,
Il vaut pas un clou.
Elle a vu le loup,
Tant mieux ou tant pis,
C'était pas un bon coup,
Ni un bon parti.
Je lui jette pas la pierre,
Je crée pas une émeute.
Y paraît que sa mère
A vu toute la meute.
Quant à toi, ma fille,
Ma jolie pucelle,
Suce encore ton pouce,
Joue à la marelle.
Ce qu'a fait Marylou,
Eh ben, tu t'en fous.
Elle a vu le loup,
C'était un voyou!
Mais j'espère, ma douce,
Que quand viendra l'heure
De prendre cette Bastille
Sous ta robe à fleurs,
Le loup aura l'heur
De te plaire autant
Pour son joli coeur
Que pour ses talents.
S'il est, ce beau jour,
Doux comme un agneau,
Donne lui ton amour
En paquet-cadeau,
En plus du diamant
Que tu gardes encore,
Mais combien de temps?
Au creux de ton corps.