Richard Séguin
LETTRE À ZLATA
M. Chabot - R. Séguin


C'était à la fin de la soirée
J'avais le fixe sur la télé
Que des images un peu débiles
Commerce bizarre et monde fragile

Soudain je t'ai vue dans une grosse chaise
T'étais toute petite et mal à l'aise
Sur tes genoux un grand cahier
Journal de ton année pleuré

T'as dit chez nous on pleure, on meurt
Ce qui est beau va vivre ailleurs
T'as dit chez nous même les oiseaux
Sont prisonniers dans un étau

Mais qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Y'a dans tes mains peine et souffrances
Qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Souvent j'y pense

Tu parles d'un pont et de ta ville
Et des humains cibles d'argile
Pour des snipers pour un obus
T'es une erreur une balle perdue

Tu parles de paix et de bonheur
Des journées noires au fond de la cave
C'est une sirène qui donne l'heure
C'est toute ta vie dans une enclave

J'ouvre ton livre ou ton journal
J'entends tirs et les rafales
Cahier d'amour comme un signal
L'espoir planté devant le mal

Qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Y'a dans tes mains peine et souffrances
Qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Dans ton cahier la résistance

C'est une lettre pour toi Zlata
Mots d'Amérique loin des combats
C'est une lettre pour toi Zlata
Mots d'Amérique tout près de toi

C'est dans le regard d'un enfant
Que l'on s'éloigne du néant
C'est dans le regard d'un enfant
Que le monde redevient vivant

Qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Y'a dans tes mains peine et souffrances
Qu'est-ce qu'on a fait de ton enfance
Dans ton cahier la délivrance


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