Anne Sylvestre
MARYVONNE


Pleure, pleure, Maryvonne,
Ton ami, je te l'ai pris.
Ça n'a étonné personne.
Le village en a bien ri.

Ah! tu faisais bien ta fière,
Quand il te donnait le bras.
Pour la fête de Saint-Pierre,
C'est à moi qu'il le donnera.
Tu sais mieux que moi, je pense,
Qu'il est bête autant que beau.
Ça n'a guère d'importance,
Car il lèche mes sabots.

Tu peux me traiter de garce.
Je ne crains pas l'adjectif.
Je ne te l'ai pris que parce
Qu'il était décoratif.
Si j'en juge ses grimaces,
Je l'ai bien entortillé.
Que crois-tu donc que j'en fasse?
Ne suis pas fille à marier?

Un autre avait fait promesse
De m'aimer, il a menti.
Je lui rends la politesse.
Faut en prendre ton parti.
Celui-ci, il faut le dire,
N'est bien sûr pas très malin,
Mais on pourrait trouver pire.
Tu me diras ça demain.

Ainsi va la farandole
Des amours que l'on dit vrais.
Ne crois pas que je sois folle.
J'ai raison, mais tu devrais,
À ton tour un peu cruelle,
Jeter ton dévolu.
Sur le beau gars sans cervelle
Qui de moi n'a pas voulu.

Pleure, pleure, Maryvonne.
Ton ami, je te l'ai pris.
Ça n'a étonné personne.
Le village en a bien ri.
Ça n'a étonné personne.
Le village en a bien ri.


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