Salvatore Adamo
UN PETIT CAILLOU GRIS ROSE, UN PETIT CAILLOU VERT GRIS
C'était il y a cent ans ou c'était aujourd'hui
Je rêvais sur un banc au jardin de l'ennui
Quand un vieillard passa il était tout en gris
Je me souciais pas mais un bruit me surpris
Était-ce à dessein, était-ce étourderie
Il lâcha un écrin troublant ma rêverie
Je l'appelai en vain je suivis son fantôme
Je le perdis soudain dans son triste royaume
Maléfice ou trésor, sortilège ou aubaine
Pourquoi douter encore, retenant mon haleine
J'ouvris
Mais je devins morose quand je ne découvris
Qu'un petit cailloux gris rose, un petit cailloux vers gris
Ça n'était pas grand chose après tant de mystère
Adieu le pot aux roses, au diable mes chimères
Mais au fond de l'écrin il y avait une lettre
J'allais savoir enfin une formule peut-être
Et moi comme un idiot j'allais chanter victoire
Imaginant des mots qui me parleraient de gloire
Pas de trésors cachés dans une île lointaine
Pas de coeur enchaîné d'une princesse en peine
Pas de savante ruse qui m'aurait enrichi
Quelques phrases confuses disant juste ceci
Ami c'est pas grand chose mais ça n'a pas de prix
Prend ce caillou gris rose prend ce caillou vert gris
Je les ai ramenés d'un voyage en étoile
Quand l'amour insensé faisait gonfler ma voile
Ami c'est pas grand chose mais ça n'a pas de prix
Prends ce caillou gris rose prends ce caillou vert gris
Avec ces deux cailloux j'ai failli me connaître
Certains m'ont prit pour fou j'aurai bien aimé l'être
Oui sois jeune et sois fou c'est ainsi que l'on gagne
Si non ces deux cailloux baiseront des montagnes
Il est temps que je crève, tiens voilà ma fortune
Une pierre de rêve, une pierre de lune
Mais soudain un éclair j'ai les yeux grands ouverts
À mes pieds deux cailloux, deux cailloux sans couleur
Pas de caillou gris rose pas de caillou vert gris
Un vieillard est passé et il ne m'a rien dit